Deux ans déjà.

Guillaume Moreau, un ancien campeur et moniteur du camp, me faisait part de son nouveau projet d’expédition en me montrant le trajet grossier sur une capture d’écran floue de Google Earth. À ce moment-là, l’ampleur du défi me sembla surréelle, mais une pulsion de vie incomparable me poussa à accepter. Un mois plus tard, l’équipe était formée de 4 anciens du Camp, mais l’expédition paraissait encore si loin… Désormais 6 dans l’équipe, c’est pourtant dans seulement 9 mois que nous serons à Schefferville, sur le point de donner les premiers coups de pagaie de l’expédition d’une vie.

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Cette expédition, l’expédition AKOR, constitue un défi mental et physique de 3 mois qui nous amènera à découvrir une région encore très sauvage et isolée. De juin à août 2018, nous empoignerons nos avirons afin de relier Schefferville au village inuit de Nain, par un parcours original et audacieux de 1500 km. Nous descendrons les rivières De Pas et George, qui nous mèneront à la baie d’Ungava. Nous longerons ensuite la baie jusqu’à l’embouchure de la rivière Korok, que nous remonterons sur 130 km afin d’atteindre un portage de plus de 20 km qui nous fera changer de bassin versant.

Cette approche nous permettra de vivre une entrée magistrale au cœur de la 2e chaîne de montagnes la plus haute au Canada : les majestueux Monts Torngat. Après avoir fait l’ascension du plus haut sommet du Québec (le Mont D’Iberville), nous traverserons ce joyau du Nord québécois et labradorien par l’un des fjords les plus grandioses sur Terre. L’expédition se terminera en longeant les côtes de l’océan Atlantique sur 500 km.

« Notre objectif : vivre les Torngat, puis les partager par une série de conférences au retour de l’expédition et transmettre nos connaissances pour promouvoir les bienfaits du plein air et d’un mode de vie actif. Mais surtout, montrer tout le plaisir que nous procurent les expéditions! »

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Évidemment, ce genre de parcours requiert une solide expérience en canot. Ce n’est donc pas un hasard si les 6 jeunes adultes y prenant part sont d’anciens campeurs et moniteurs du Camp! Charles Fortin et moi-même, Nicolas Roulx, avons tous deux été moniteurs durant plusieurs années, notamment chez les Voyageurs. J’ai accroché mon dossard après avoir été adjoint aux opérations en 2016. Pour sa part, Guillaume Moreau a en plus guidé la grande expédition sur la rivière Bazin en 2013, tandis que Philippe Poulin a fait partie de l’équipe de la première grande expédition de Kéno sur la rivière Moisie en 2008. Pier-Luc Morissette a guidé 4 grandes expéditions à Kéno et Sarah-Jeanne Giroux a retrouvé la Moisie comme guide en 2016, 8 ans après l’avoir descendue comme campeuse. La rivière coule dans nos veines et nos rêves sont de rapides, de falaises et de plaines enneigées.

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Notre expédition, vous l’aurez remarqué, comporte son lot de problématiques. Vents, remontée de rivière, absence de bois, ours polaires et éloignement sont tous des éléments que nous aurons à gérer sur le terrain. Cependant, la préparation de l’expédition donne presque plus de frissons que tous ces défis réunis! Pensons simplement à la nourriture pour 3 mois, aux commandites, aux centaines de détails logistiques et au matériel qui doit être impeccablement planifié. Il y a de quoi prendre le plat-bord! Sans compter les trous dans le portefeuille…

Alors, pourquoi donc s’investir dans un projet de cette envergure qui prend autant de temps à planifier si cela ne rapporte pas d’argent (au contraire!), et s’il y a autant de risques?

La réponse à cette question se trouve dans les apprentissages que nous avons faits à Kéno durant notre jeunesse. Évidemment, c’est le Camp qui nous a transmis, par ses moniteurs et sa direction dévouée, les connaissances pratiques liées au canot et aux techniques en expédition. Mais les plus grands apprentissages réalisés à Kéno sont toujours au niveau mental! On cultive au Camp l’envie de se dépasser, de surmonter les défis et même de profiter du mauvais temps. Car je vais vous livrer un secret que vous ne devez pas répéter : au camp Kéno, il ne fait pas toujours beau… mais les gens savent comment s’amuser sous la pluie! Tel est le secret, nous croyons, d’une vie heureuse : voir le beau dans l’imparfait. Kéno nous a montré comment trouver le bonheur dans la simplicité et la sobriété que la vie a à nous offrir.

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Par ailleurs, l’envie de s’investir dans des projets d’envergure qui s’inscrivent dans le temps provient de cette capacité qu’ont les gens de Kéno de savoir profiter de la nature calme et reposante un instant, mais l’instant d’après de vivre à plein régime le moment présent. C’est cette saine dualité qui pousse à entreprendre des projets qui réunissent à la fois contemplation et adrénaline. Par ailleurs, le Camp regorge de gens prêts à donner sans recevoir, d’individus qui ne comptent pas les services rendus lorsqu’il est question d’agir en cohérence avec leurs valeurs. Cela nous a influencés et conduits à prendre des décisions qui vont avec nos valeurs : nous croyons qu’avec l’expédition vient le partage et l’altruisme, et c’est pourquoi nous entreprendrons au retour du périple une série de conférences gratuites.

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Encore une fois, pourquoi dépenser autant d’énergie pour un tel projet s’il ne rapporte pas d’argent? Parce qu’il n’y a pas que l’argent… Il y a le rêve. Et se préparer à vivre, c’est d’abord rêver. Surtout, c’est se lever le matin et avoir le goût d’entreprendre quelque chose, de passer à l’action pour réaliser ses rêves et ses objectifs!

Notre expédition témoigne de « l’effet Kéno ». Lorsque le camp réussit à transmettre ses nobles valeurs, il est certain qu’elles seront ensuite transmises par d’autres, et c’est la beauté de l’influence : c’est une roue qui tourne, une rivière dont l’eau est inépuisable!

Pour en savoir davantage sur notre expédition, visitez notre site web ainsi que notre page Facebook.

Au plaisir de vous croiser sur la rivière!

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Nicolas Roulx, membre de l’équipe AKOR