En pleine période de recrutement de personnel pour l’été 2023, l’un des aspects qui revient souvent en entrevue est la déconnexion des écrans qu’offre l’environnement du camp de vacances. Un peu surprise les premières fois que de jeunes adultes me nomment cela comme une des raisons les incitant à venir travailler au camp, je peux maintenant dire que c’est une constante dans les entretiens que j’ai depuis les derniers mois.
 
Comme beaucoup d’entre nous, ces aspirant.e.s moniteur.trice.s passent plusieurs heures quotidiennement devant leurs écrans pour l’école, le travail, se distraire ou communiquer avec leurs proches. Après quelques années de pandémie, beaucoup d’entre nous se sont rendu compte, certes de la flexibilité qu’offrent les écrans, mais aussi de leur emprise sur plusieurs sphères de nos vies. Ces jeunes adultes qui postulent pour travailler à Kéno anticipent les bienfaits d’un environnement dans lequel le monde virtuel est mis de côté pour laisser place à la beauté de ce qui les entoure.


 
Une étude de statistiques Canada faite en 2017 démontre que les enfants de 5 à 17 ans passent en moyenne plus de 3h par jour devant des écrans. Post-pandémie et avec l’utilisation de plus en plus fréquente des écrans et des outils technologiques dans les écoles, on peut croire que cette statistique ne fait qu’augmenter… Comme le démontre la Société canadienne de pédiatrie et plusieurs autres études du milieu,  le temps passé devant un écran peut avoir des conséquences négatives sur notre santé mentale et physique.
 
C’est pour cette raison que les spécialistes du développement des enfants et des adolescent.e.s et ceux de la santé publique nous vantent les multiples bienfaits du temps passé à être actif et à l’extérieur. Le plein air a des effets bénéfiques sur le développement des enfants, la santé mentale, la santé physique, la socialisation et le développement de la conscience écologique, entre autres. Ce qui est merveilleux au camp, c’est que tout cela se fait de façon complètement naturelle puisqu’aucun moment n’est propice à sortir son téléphone ou sa tablette.
 

 

Au camp, nous avons le privilège immense de vivre le temps d’un séjour ou d’un été dans un environnement où les écrans ne servent à rien! Cette situation est devenue rarissime aujourd’hui et c’est une chance extraordinaire. Qui a envie de passer des heures devant son écran alors qu’on est entre ami.e.s et qu’on passe nos journées entre les plateaux d’activités, le bain libre et la préparation d’une expédition ?
 

 

Peut-être que vous avez eu la chance de le vivre, sinon vos enfants vous le diront  : les journées au camp paraissent bien différentes des journées en ville. Bien sûr, on se lève, on se couche, on mange trois fois par jour et on se brosse les dents… Mais entre le rassemblement du matin, les activités, les jeux de bois et les discussions entre ami.e.s, il y a très peu de temps pour s’ennuyer, et encore moins pour s’ennuyer des technologies.
 
Certes, les journées passent rapidement quand on s’amuse, mais elles laissent aussi de la place à la contemplation, surtout en expédition. Au lieu d’automatiquement sortir un téléphone de sa poche dès qu’il y a une seconde de pause, nous sommes portés à remarquer un oiseau qui passe au-dessus de notre tête, les rayons du soleil qui reflètent dans l’eau ou le cri d’un huard plus loin sur le lac. Ce sont souvent les enfants qui sont les premiers à remarquer ces petits détails et à les partager au plus grand plaisir des autres campeur.euse.s et des moniteur.trice.s. Après avoir contemplé tout ce qui nous entoure, on apprend à en profiter de façon spontanée… Les ancien.ne.s connaissent les meilleurs endroits où les flaques d’eau deviennent gigantesques après un orage, où aller écouter les ouaouarons ou encore quels endroits dans le bois ont les meilleurs branches de construction de cabanes. Ces moments existent au camp puisqu’on leur donne la chance et le temps de se déployer dans l’horaire, au gré de la météo et du moment …
 

C’est ça la magie du camp de vacances!
 
En postulant pour l’été, les moniteur.trice.s sont invités à nous faire part de la raison qui explique pourquoi ils.elles veulent travailler au camp. Quelques réponses m’ont particulièrement touché cette année et je crois qu’elles résument les bienfaits de la déconnexion et de pouvoir vivre pleinement le moment présent…
 
«Je veux danser sous la pluie avec des petits humains et leur raconter qu’une baleine réside dans les fonds marins du lac Long. J’ai envie de faire des concours de bombes à la plage et de jouer aux ustensiles au tir à l’arc. Honnêtement, j’ai juste le goût d’être au camp et de m’occuper d’enfants, encore et pour tout le temps ! »
 
«Je souhaite travailler au camp pour la même raison depuis toutes ces années : redonner. Je crois profondément que je suis qui je suis grâce à quelques cabanes blanches dans le fond d’un bois de Portneuf et il serait impensable pour moi de ne pas être pour les jeunes d’aujourd’hui ce que mes moniteurs et monitrices ont su être pour moi.»
 
«Kéno est vite devenu pour moi un refuge où je ne me sentais pas jugée, un refuge où je découvrais vraiment le monde, une passion pour la nature que ne faisait que devenir plus grande. […] Je veux offrir cette expérience inoubliable qu’est le camp de vacances aux enfants. Je veux continuer d’apprendre de ces petites boules d’énergie. Étant une grande passionnée de plein air, de camping, de canot et de nature, je veux transmettre toute cette beauté du monde aux jeunes. »

 



 

 

Zoé Chamberland Black

Coordonnatrice camp de vacances – animation et la programmation