PORTRAITS AU-DELÀ DU CAMP

Voir grand, rêver, se projeter dans le temps, sortir de sa zone de confort, se dépasser… chacun le fait à sa manière et selon ses propres capacités. Croire en quelqu’un, en quelque chose, et surtout en soi peut nous faire découvrir nos propres capacités, dont notre détermination et notre persévérance à réaliser de petits ou grands projets. À travers cette série, vous découvrirez les portraits inspirants de six passionnés de nature qui ont eu l’étincelle de réaliser un petit ou grand projet et qui ont cru en leur capacité de faire de grandes choses. Ces personnes ne sont pas nécessairement issues du monde des camps, mais toutes et chacune d’elles ont une chose en commun : combler le déficit nature. Nous souhaitons qu’elles et ils soient inspirants à votre mesure.


 

Yan Kaczynski

Yan Kaczynski est réalisateur, photographe d’aventure et activiste environnemental.

L’être humain dans un contexte naturel est le sujet préféré de Kaczynski. À travers son travail, il cherche constamment à présenter l’humain et l’environnement comme un tout symbiotique. Les deux ne sont pas censés être des entités séparées. Rétablir cette connexion est la façon dont Kaczynski contribue à assurer la pérennité de notre environnement.

Ses services de photographie offrent un riche mélange d’authenticité et d’attention aux sensations réelles et à la beauté brute de la nature. Son processus créatif, son éthique de travail et la sélection de clients avec lesquels il collabore transcendent les mêmes valeurs.

Pour Yan Kaczynski, l’important est de se connecter avec le monde humain et non humain et d’inspirer en diffusant l’impact positif de la nature à travers des expériences immersives en plein air.

Une aventure à la fois.

Crédit photos : Yan Kaczynski

 

Le plein air, pour toi, c’est ?

Le plein air pour moi c’est un contexte naturel où on peut être à l’abri du bruit, de l’hypocrisie et du rythme (trop) rapide du monde moderne et où on peut donc se reconnecter à notre nature humaine (et donc animale) ainsi qu’à la Terre.

 

 

Quels sont tes 3 endroits préférés pour pratiqueR le plein air au Québec ?

Pour sa magie, le Lac Long (oui, oui, à Kéno!), à l’aube et en canot. Pour l’immensité de son territoire, pour ses épinettes noires et ses rivières, la Côte-Nord. Pour ses forêts changeantes au fil des saisons, le sud des Cantons-de-l’Est. C’est aussi chez nous !

 


Quels sont les essentiels que tu apportes toujours lors d’une sortie en nature ?

Un moyen pour me garder au chaud si je dois y passer la nuit, souvent une couche isolante, un moyen de m’éclairer, et un moyen de communiquer!

 

Pourrais-tu nous parler d’une fois où tu as eu à sortir de ta zone de confort lors d’une expédition ou d’une sortie en plein air ?

Nous nous sommes retrouvés bloqués pendant 13 heures sous un rocher, à moitié suspendu à une paroi de granite, autour de 3200m sur Cathedral Peak, dans la Sierra Nevada.

Une violente tempête de neige s’est abattue lors de notre ascension en escalade traditionnelle (Southeast Buttress, Variations 5.8) et a transformé les parois rocheuses en glace. La descente était dangereuse et les vents violents ainsi que le manque de visibilité ont altéré notre jugement et donc notre itinéraire. Nous avons tout de même réussi à descendre quelques longueurs en rappel (sur le mauvais versant) avant l’obscurité. Nous avons interrompu notre descente lorsque nous avons réalisé qu’il était suicidaire de continuer. J’ai repéré un petit espace sous un rocher en descendant en rappel et nous avons remonté de quelques mètres pour s’y faufiler. La température a chuté bien en dessous de 0ºC, faisant des 13 heures subséquentes une expérience horrifiante étant donné que nous étions habillés pour une simple après-midi d’escalade californienne.

Le lendemain, la neige nous a sauvé, offrant une traction sur le granite trop glacé il y a quelques heures à peine. Nous avons traversé le terrain escarpé en reliant un buisson à l’autre, puis nous avons fait un rappel sur un petit arbre et avons finalement descendu la montagne dans la neige profonde. La neige s’est transformée en pluie et nous nous sommes finalement retrouvés sur la John Muir Trail. Quelques kilomètres nous séparaient encore de la route (qui venait de fermer pour la saison).

 

Un moment mémorable en nature, pour toi, c’est ? 

C’est peut-être paradoxal, mais pour moi un moment mémorable c’est souvent dans la simplicité ; un feu de camp, des ami(e)s, des fous rires, des moments de silence à observer les flammes, avoir la tête dans les étoiles.

 

 

Quel est ton plus beau souvenir d’enfance en plein air ?

À l’âge de 15 ans j’ai eu la chance de participer à une expédition (auto-organisée) avec mon père et un de ses amis dans une section inexplorée de la Terre de Baffin, au Nunavut. Nous étions en pleine autonomie, durant deux semaines. C’était une expérience avec bien des épreuves, mais surtout beaucoup d’apprentissages. Au-delà de cette expé, toutes les sorties en montagnes ou sur l’eau en famille m’apportent des souvenirs qui me font sourire.

 

 

Quels petits gestes poses-tu pour protéger la nature ?

Tout d’abord d’être conscient que la nature c’est nous, et nous sommes nature. Si nous ne la protégeons pas, nous allons tout perdre.

Au quotidien, je tente de réduire drastiquement la quantité de déchets et de recyclage, en partie en choisissant ce que je consomme. Je tente d’avoir une alimentation qui tourne autour de plantes et d’aliments qui proviennent de la terre, idéalement celle qui est autour de chez moi.

Par mon travail, je vise à mettre de l’avant les bienfaits de la nature à l’état brut.

Puis, je développe un dialogue avec les communautés et les organismes qui ont besoin de soutien, je m’engage à la justice sociale et environnementale directement sur le terrain.

 

 

Questions éclair

En camping pour te réchauffer : café, thé ou chocolat chaud ? Thé

Tu as le choix entre une tente, une van ou un chalet, lequel choisis-tu ? La tente, sauf si le chalet est déjà là!

Ta saison de prédilection : printemps, été , automne ou hiver ? Je suis un gars d’hiver, mais j’ai un faible pour l’automne.

 

Un endroit ou un moment grandiose en nature, qui t’a marqué ou t’a fait grandir ? 

Les nuits en bivouac (à la belle étoile). J’ai expérimenté l’énergie d’innombrables pleines lunes, la puissance des aurores boréales, les couleurs des levers et couchers du soleil, l’incroyable clair de lune sur la plus haute face montagneuse de cette planète, et même quelques pluies d’étoiles filantes. J’ai senti la Terre sous mon dos, l’air froid des glaciers sur mon visage et l’énergie des plus grandes montagnes. J’ai bivouaqué parmi les yaks au Pakistan, des grizzlis en Colombie-Britannique, et d’un magnifique lièvre d’un blanc étincelant dans la noirceur de la forêt des Adirondacks.

 

 

Quel fut le conseil le plus utile qu’on t’a donné pour tes pratiques/tes sorties en plein air ?

Reste humble.

 

Découvrez le travail de Yan Kaczynski sur son site Internet et sur les réseaux sociaux Facebook et Instagram.

 

 

 

Elisabeth Fortin

Campeuse et employée à Kéno depuis 2001

Adjointe au service à la clientèle et au soutien administratif