LA NAISSANCE D’UN PROJET
Au cours de l’été 1983, Jacques Thériault, animateur du secteur des explorateurs, a eu une idée novatrice pour agrémenter les séjours à Kéno : la construction d’un four à pain. Le père Roger était ravi de cette initiative qui ajoutait une touche d’originalité à la programmation du camp. Mais un problème se posait : personne ne savait comment construire le four à pain. Heureusement, le père de sœur Aline Bouchard, sœur des Petites Franciscaines de Marie et aide à la cafétéria, connaissait les rudiments essentiels à la construction d’un tel four. Il fallait quelques matériaux bien accessibles à Kéno et de la glaise bleue, la meilleure glaise pour supporter la chaleur produite par un feu de bois d’érable. Cette dernière a été trouvée sur le terrain de M. Joosten de Saint-Léonard-de-Portneuf, bien connu pour accueillir le temps d’une nuit les voyageurs sur sa terre après la descente du célèbre rapide Killer.
LA CONSTRUCTION DU PREMIER FOUR
Jacques Thériault a d’abord monté un carré de pierres solidifiées avec du mortier sur lequel il a coulé une dalle de béton. Une fois la base bien établie, il a formé une structure de branches sur laquelle reposait une toile de jute. La charpente a ensuite été recouverte d’une épaisse couche d’un mélange de glaise bleue et d’herbe. L’aide de Jean-Yves Leblanc a permis de souder une porte en métal et un cadre à la structure. Un abri temporaire a ensuite été construit au-dessus du four pour le protéger des intempéries, le temps du séchage. À la dernière journée du 2e séjour de l’été, Jacques Thériault a mis le feu dans le four afin de faire brûler la toile de jute et les branches. Le four était fin prêt à recevoir du pain.
LA PREMIÈRE CUISSON DE PAIN
C’est au lendemain du départ des campeurs qu’a eu lieu la première cuisson de pain. Le père Roger a pris soin d’allumer un feu de bois pour atteindre la chaleur idéale pour la cuisson. Il ne s’attendait toutefois pas à ce que la flamme soit si vive qu’elle lui brûle quelques cheveux et les sourcils! Une fois la chaleur atteinte, les deux pains pétris par Mme Rachel Boulianne ont été placés dans le four. Après le temps de cuisson désiré, tous ont pu goûter au pain. C’était un franc succès! Malheureusement, Jacques Thériault, étant retourné en ville, n’a pu constater de lui-même l’efficacité de son four.
LA CUISSON PAR LES CAMPEURS
L’été suivant, pour la première fois, les campeurs ont pu mettre leurs talents culinaires à l’œuvre pour cuire de délicieux pains. Toutefois, ce n’est qu’à l’été 1985 que l’animateur du secteur explorateur, Régis Houde, a perfectionné les activités liées à la cuisson de pains.
Lors du premier séjour, durant la journée, chaque équipe s’occupait du pétrissage du pain. En soirée, lors du feu de camp, chaque hutte faisait cuire son pain. C’était un moment privilégié autour du feu, même si les pains sortaient parfois un peu brûlés du four.
Au deuxième séjour, chaque hutte se construisait un petit four avec de la pierre et de la glaise. Une fois le four construit, une activité de nuit était vouée à la cuisson de pain de campeur. Vers 22 h, le premier groupe de trois campeurs commençait à alimenter le four et à se faire cuire du pain. Son « tour de garde » durait deux heures. Quatre groupes se relayaient ainsi pour mettre fin à l’activité vers 6 h du matin.
Utilisés de 1983 à 1997 à Kéno, les fours à pains ont permis à de nombreux jeunes et à plusieurs moniteurs de vivre des moments privilégiés.
Jessica Thibault
Ancienne campeuse et monitrice