La recherche de matériaux

La façon dont les pères maristes sont arrivés à construire les premiers bâtiments du camp est assez exceptionnelle. À la fin de l’été 1964, ils avaient investi la totalité de l’argent amassé dans l’aménagement de la route, et ils devaient donc à nouveau se mettre à la recherche de dons pour la suite de leur projet. Ainsi, pendant presque tout l’été 1965, le père Paul et le père Poussard ont parcouru la grande région de Québec en quête de matériaux. Le père Poussard raconte : « Si vous aviez vu le père Paul cabrioler les cours à bois de la ville de Québec et des banlieues! Personne n’échappait à ses enchantements ».

Première construction

Le fondateur de Kéno s’est par exemple rendu dans une usine de portes et châssis, en disant au propriétaire qu’il avait besoin de portes pour sa colonie de vacances. Après lui avoir parlé quelques minutes, il a réussi à obtenir 14 grandes portes d’un modèle qui se vendait moins bien, tout à fait gratuitement! Il a aussi obtenu de d’autres usines des grandes fenêtres en aluminium, et une centaine de petites fenêtres. Les marchands sollicités ont été tellement généreux qu’à la fin de l’été, le père Paul et le père Poussard avaient amassé gratuitement tout le contre-plaqué, le bois de charpente, la peinture et le papier à couverture nécessaire, en plus des vitres, des clous et des boulons. En tout, ils n’auront dépensé que 400$ en matériaux pour la construction des 7 premières bâtisses!

Premières constructions

En plus des matériaux, les pères avaient besoin de literie et de vaisselle pour accueillir des campeurs. Le père Poussard a demandé à une amie de coudre les couvres-matelas. Pour la vaisselle, il s’est rendu dans un grand magasin, où il a encore une fois réussi à convaincre le propriétaire de lui donner ce dont il avait besoin. Il est reparti, assez fier de son coup, avec environ 50 couverts et de la coutellerie.

Comment expliquer ces résultats impressionnants? Bien entendu, le père Paul était un habile négociateur, mais c’est surtout la passion et la conviction avec lesquelles il parlait de son projet qui lui ouvraient la voie. Un jour, un homme d’affaire lui a demandé comment il comptait construire son camp sans le soutien financier de la communauté des pères maristes. Quelques minutes plus tard, cet homme était l’un des premiers bienfaiteurs de Kéno!

La construction des bâtiments

Pendant que ses collègues amassaient des matériaux en ville, le père Chabot était responsable du chantier de construction. Les charpentes des trois premières huttes ont été fabriquées à Sillery, derrière la grange du Séminaire des pères maristes. Au début de juin, après la fin des classes, le père Chabot a transporté les morceaux des huttes vers le camp, mais il s’est vite rendu compte que l’opération serait complexe. Il se souvient : « Un bon matin, avant le lever du soleil, on est parti avec un gros camion habituellement affecté à un chargement de gravelle. Dans la boite de métal, on avait cordé les fermes de la première bâtisse. Elles étaient tellement hautes qu’en montant, on guettait les fils téléphoniques. On se demande si on en a pas coupé quelque uns!» 

Premières constrcutions 19 hutte près plage1 20 hutte près plage 2

Le père Chabot et les autres ouvriers demeuraient sur le site du chantier durant la semaine. Au départ, il n’y avait aucune construction d’entamée, alors ils dormaient tous dans une tente qu’ils avaient montée dans la baie de l’amirauté. Ils mangeaient dans une petite cabane de chantier et se lavaient au lac. Mais dès que la première hutte a été complétée, ils ont délaissé la tente pour un abri plus grand et plus confortable.

Premières constrcutions 18 dans baie 4

Une fois les huttes complétées, les travailleurs ont construit une cafétéria, qui se situait à l’époque à l’emplacement actuel du Gîte. On retrouvait dans ce petit espace la salle à manger et la cuisine, où des relieuses de la congrégation des Petites Franciscaines de Marie prépareraient les repas une fois le camp inauguré. Le tout était assez simple : deux grandes tables, des bancs et quelques tablettes pour ranger la vaisselle.

Ce bâtiment aura eu plusieurs vocations. D’abord cafétéria et secrétariat, il est devenu en 1970 l’endroit où habitaient pendant l’été le père Poussard et Jean-Yves LeBlanc, puis fut transformé en entrepôt pour la réserve de matériel et petit magasin d’articles quotidiens pour les campeurs et le personnel. Il a ensuite été divisé en deux sections en 1978, puis carrément coupé en deux et déplacé vers le lac en 2008. Il s’agit aujourd’hui des huttes Prospecteurs 1 et 2!

Premières constructions

Le dernier bâtiment à avoir été construit au cours de l’été 1965 fut la première boutique, qui est maintenant le Brico-Nature. C’était également l’endroit où le tracteur était remisé à l’automne, d’où l’importance des grandes portes! Les ouvriers y ont aussi aménagé une petite pièce qui pouvait servir de logement.

Premières constructions

Ainsi, en seulement deux étés et avec très peu de moyens, le père Paul et son équipe avaient accompli un véritable tour de force : aménager une route qui permettait de se rendre jusqu’au site, et construire les infrastructures nécessaires à l’arrivée des premiers campeurs, qui aurait lieu l’été suivant.

Premières constructions

Elisabeth Blais 

 

 

 


ELISABETH BLAIS
Coordonnatrice aux communications